Commentary

June 26, 2017 | APPEARED IN PARU DANS LE JOURNAL DE MONTREAL

Le 21 juin, vous travaillerez enfin pour vous!

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Avez-vous hâte de prendre vos vacances cet été? Vous le méritez. Cela fera quand même bientôt presque six mois que vous travaillez fort. Mais devinez quoi? Tout le travail fait, et tout l’argent que vous aurez gagné jusqu’ici, aura été pour financer l’appareil gouvernemental. Absolument tout.

C’est en effet le mercredi 21 juin qu’aura lieu la « journée de l’affranchissement de l’impôt », selon les calculs annuels de l’Institut Fraser. À partir de cette date, qui survient deux semaines plus tard que la moyenne au Canada, les Québécois pourront enfin commencer à travailler pour eux-mêmes.

La journée de l’affranchissement de l’impôt mesure le fardeau fiscal annuel total imposé aux familles québécoises par les gouvernements fédéral, provincial et municipaux. Si vous deviez payer d’avance tout votre impôt et vos taxes, vous donneriez au gouvernement chaque dollar gagné avant la journée de l’affranchissement de l’impôt.

Bien qu’il n’y ait pas matière à célébrer, il faut néanmoins se réjouir que cette journée de « libération » de l’impôt au Québec survient un jour plus tôt cette année que l’an passé, et une semaine entière plus tôt qu’en 2015, où elle tombait le 28 juin.

En 2017, la famille québécoise moyenne (comprenant deux personnes ou plus) paiera 46,7 % de son revenu annuel en taxes de toutes sortes, incluant impôt sur le revenu, taxes de vente, taxes foncières, taxes sur le carburant, taxes sur l’alcool et le tabac, et autres cotisations sociales. C’est un montant global de 44 003 $ qu’elle versera au fisc. En 2015, cette même famille typique a payé légèrement plus, soit 48,7 % de ses revenus.

Il faut souligner que le gouvernement québécois a fait des efforts pour redresser les finances publiques. Il a notamment éliminé la taxe sur la santé pour certains Québécois, diminué l’impôt des sociétés et instauré ou élargi d’autres allègements d’impôt, ce qui a réduit le fardeau fiscal.

Les Québécois en ont-ils, au moins, pour leur argent ?

Observons d’abord le secteur de la santé, qui accapare un peu plus de la moitié du budget du gouvernement. Les résultats sont loin d’être au rendez-vous, comme en témoignent plusieurs indicateurs. Malgré des dépenses annuelles de plus de 33 milliards de dollars, on ne parvient pas à résorber le problème chronique de l’engorgement dans les urgences et une grande partie de la population n’arrive toujours pas à avoir accès aux soins requis en temps opportun.

Quant aux routes, une enquête récente nous apprenait qu’un automobiliste montréalais paie en moyenne près de 1000 dollars de taxes sur l’essence par année, soit 200 dollars de plus que la moyenne au Canada. En tout, c’est 2,9 milliards de dollars qui sont versés aux gouvernements provincial et fédéral avec les taxes à la pompe. Pourtant, la qualité des routes est loin d’être à la mesure des efforts des automobilistes.

En ce qui concerne les écoles, plusieurs seraient dans un état lamentable selon les données dévoilées par le ministère de l’Éducation l’an dernier. Au total, 478 bâtiments scolaires au Québec seraient jugés dans un état préoccupant, et 55 bâtiments seraient dans un état si critique qu’il s’avérait plus rentable de les détruire et d’en construire de nouveaux.

Ce ne sont là que quelques exemples qui montrent que les Québécois, en plus de travailler la moitié de l’année pour payer l’appareil gouvernemental et ses nombreuses dépenses, n’en reçoivent pas pour leur argent.

Enfin, la bonne nouvelle c’est qu’à partir du 21 juin, les Québécois travailleront pour eux-mêmes. Et il y a fort à parier qu’ils veilleront à ce que l’argent durement gagné soit dépensé de façon plus judicieuse et prudente que leurs gouvernements.

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