Ma récente étude sur l’obésité et les politiques anti-obésité au Canada, réalisée avec Patrick Basham, a suscité de vives et nombreuses réactions. Ses détracteurs ont réaffirmé que l’obésité gagne constamment du terrain et représente une grave menace pour la vie, la santé et le système de santé. La seule solution, selon eux, est la taxation et la règlementation. Certains ont même prétendu que l’étude contient des informations trompeuses. Toutefois, rares sont ceux qui semblent l’avoir réellement lue avant de la massacrer.
Rétablissons les faits.
Notre étude confirme qu’il y a plus de Canadiens en surpoids ou obèses qu’il y a quelques décennies, mais précise : « Il y a peut-être toujours trop de Canadiens de forte taille, mais leur nombre semble s’être stabilisé et pourrait même commencer à régresser ». Le point essentiel est que, selon les données de Statistique Canada, l’obésité ne poursuit pas sa progression. Ce ne sont pas nos dires, mais des données empiriques.
Selon ces données, on n’a observé aucun changement significatif du nombre de jeunes Canadiens en surpoids ou obèses depuis au moins 2005. La proportion d’hommes en surpoids n’a pas beaucoup changé depuis 2003, et le nombre d’obèses en 2012 était semblable à celui de 2007, voire légèrement plus bas. L’obésité ne semble avoir progressé que chez les femmes ces dernières années. Ces faits indiquent aux Canadiens qu’ils devraient douter de la thèse d’une « épidémie » d’obésité au pays.
L’étude souligne également que, si le surpoids peut menacer la santé, les discours publics pourraient exagérer les risques pour la santé et de mortalité précoce qui y sont associés. Plusieurs études montrent que ces risques concernent surtout l’obésité sévère, et que les personnes jugées « en surpoids » pourraient en fait vivre plus longtemps que celles de « poids normal ». Ainsi, le fondement sanitaire des politiques anti-obésité pourrait n’exister que pour une fraction de la population souffrant d’obésité.
Qu’en est-il des coûts économiques et de santé liés à l’obésité? Un examen plus attentif révèle que les obèses assument la plupart des coûts liés à l’obésité (moindre revenu, perspectives d’emploi réduites, problèmes de santé et diminution potentielle de la durée de vie). L’intervention de l’État pour réduire les coûts des soins de santé paraît moins justifiée lorsqu’on sait que le coût moyen des soins de santé des obèses sur la vie entière pourrait être inférieur à celui des non obèses en raison de leur durée de vie plus courte. Certains voudraient éviter de faire face à ces dures réalités, mais celles-ci demeurent pertinentes dans le cadre d’une discussion sur les politiques.
Même sans tenir compte de ces réalités, le problème de l’impuissance des gouvernements demeure : peu de données solides indiquent que les mesures gouvernementales généralement proposées sont efficaces. L’expérience montre que nombre de politiques – taxes sur les aliments gras ou la « malbouffe », interdiction de distributeurs automatiques, affichage de la valeur nutritive des menus, disponibilité réduite de certains aliments, étiquetage nutritionnel obligatoire, mises en garde explicites, restrictions de zonage et de publicité – ne réduisent pas la prévalence du surpoids.
Toutefois, ces politiques imposeront des coûts aux Canadiens sous forme de choix réduit, de hausse du prix des aliments en raison des taxes et de la règlementation, et de programmes et fonctionnaires supplémentaires à financer. Ces coûts sont supportés par tous les Canadiens, obèses ou pas.
Exagérer le problème du surpoids ne fera que donner lieu à des propositions de politiques interventionnistes, injustes, coûteuses et inefficaces. Il est temps d’avoir une discussion sensée sur l’obésité et d’admettre que les taxes et la règlementation ne règleront pas le problème.
Commentary
Affirmations sur l'obésité : exagérations et impuissance des gouvernements à résoudre le problème
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Ma récente étude sur l’obésité et les politiques anti-obésité au Canada, réalisée avec Patrick Basham, a suscité de vives et nombreuses réactions. Ses détracteurs ont réaffirmé que l’obésité gagne constamment du terrain et représente une grave menace pour la vie, la santé et le système de santé. La seule solution, selon eux, est la taxation et la règlementation. Certains ont même prétendu que l’étude contient des informations trompeuses. Toutefois, rares sont ceux qui semblent l’avoir réellement lue avant de la massacrer.
Rétablissons les faits.
Notre étude confirme qu’il y a plus de Canadiens en surpoids ou obèses qu’il y a quelques décennies, mais précise : « Il y a peut-être toujours trop de Canadiens de forte taille, mais leur nombre semble s’être stabilisé et pourrait même commencer à régresser ». Le point essentiel est que, selon les données de Statistique Canada, l’obésité ne poursuit pas sa progression. Ce ne sont pas nos dires, mais des données empiriques.
Selon ces données, on n’a observé aucun changement significatif du nombre de jeunes Canadiens en surpoids ou obèses depuis au moins 2005. La proportion d’hommes en surpoids n’a pas beaucoup changé depuis 2003, et le nombre d’obèses en 2012 était semblable à celui de 2007, voire légèrement plus bas. L’obésité ne semble avoir progressé que chez les femmes ces dernières années. Ces faits indiquent aux Canadiens qu’ils devraient douter de la thèse d’une « épidémie » d’obésité au pays.
L’étude souligne également que, si le surpoids peut menacer la santé, les discours publics pourraient exagérer les risques pour la santé et de mortalité précoce qui y sont associés. Plusieurs études montrent que ces risques concernent surtout l’obésité sévère, et que les personnes jugées « en surpoids » pourraient en fait vivre plus longtemps que celles de « poids normal ». Ainsi, le fondement sanitaire des politiques anti-obésité pourrait n’exister que pour une fraction de la population souffrant d’obésité.
Qu’en est-il des coûts économiques et de santé liés à l’obésité? Un examen plus attentif révèle que les obèses assument la plupart des coûts liés à l’obésité (moindre revenu, perspectives d’emploi réduites, problèmes de santé et diminution potentielle de la durée de vie). L’intervention de l’État pour réduire les coûts des soins de santé paraît moins justifiée lorsqu’on sait que le coût moyen des soins de santé des obèses sur la vie entière pourrait être inférieur à celui des non obèses en raison de leur durée de vie plus courte. Certains voudraient éviter de faire face à ces dures réalités, mais celles-ci demeurent pertinentes dans le cadre d’une discussion sur les politiques.
Même sans tenir compte de ces réalités, le problème de l’impuissance des gouvernements demeure : peu de données solides indiquent que les mesures gouvernementales généralement proposées sont efficaces. L’expérience montre que nombre de politiques – taxes sur les aliments gras ou la « malbouffe », interdiction de distributeurs automatiques, affichage de la valeur nutritive des menus, disponibilité réduite de certains aliments, étiquetage nutritionnel obligatoire, mises en garde explicites, restrictions de zonage et de publicité – ne réduisent pas la prévalence du surpoids.
Toutefois, ces politiques imposeront des coûts aux Canadiens sous forme de choix réduit, de hausse du prix des aliments en raison des taxes et de la règlementation, et de programmes et fonctionnaires supplémentaires à financer. Ces coûts sont supportés par tous les Canadiens, obèses ou pas.
Exagérer le problème du surpoids ne fera que donner lieu à des propositions de politiques interventionnistes, injustes, coûteuses et inefficaces. Il est temps d’avoir une discussion sensée sur l’obésité et d’admettre que les taxes et la règlementation ne règleront pas le problème.
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Nadeem Esmail
Senior Fellow, Fraser Institute
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