Le gouvernement du premier ministre Couillard déposera son premier budget le 4 juin et les premiers signes laissent présager de profonds changements. « L’heure n’est plus aux changements cosmétiques. Il faut agir de façon ferme, décisive. Et nous le ferons », a déclaré Philippe Couillard en parlant du redressement des finances publiques du Québec qui se dégradent.
Les Québécois doivent attendre le jour du dépôt du budget pour voir si les paroles du premier ministre se traduiront en actions concrètes. Mais il a au moins reconnu qu’il existe un problème et c’est là une première étape importante sur la voie du redressement. La prochaine étape consiste à établir un plan visant à régler le problème; c’est dans cette optique que le budget de mercredi doit être présenté.
Quelles sont les causes de la détérioration des finances qui ont mené à ce besoin de redressement? Un penchant pour les dépenses financées par un déficit budgétaire, la dette publique et des impôts élevés.
Le fait de recourir régulièrement au déficit actif a entraîné un gonflement de la dette qui est passée de 37,6 milliards de dollars en 1990-1991 à 175,5 milliards de dollars en 2012-2013. L’augmentation de la dette publique au cours de cette période a dépassé de loin des repères tels que la croissance économique, la croissance démographique et l’inflation.
Aujourd’hui, la dette du Québec représente environ 50 % du PIB, ce qui est le taux le plus élevé parmi toutes les provinces.
Ou pour dire les choses différemment : la part de la dette publique provinciale pour chaque Québécois est de 21 708 $, soit le niveau le plus élevé au Canada.
Malgré les preuves manifestes d’un problème d’endettement profondément enraciné, les gouvernements successifs ont généralement évité de prendre des mesures correctives. En fait, dans le budget présenté au mois de février avant les élections, le gouvernement précédent avait retardé de deux ans son plan d’équilibre budgétaire et n’avait rien fait pour que l’échéance révisée soit respectée. Selon M. Couillard, le déficit prévu dans le budget de février était nettement sous-estimé et son gouvernement devra couper dans les dépenses pour atteindre les cibles établies.
Cela veut dire qu’il faudra réduire davantage les dépenses et réviser en profondeur les programmes pour stabiliser ou réduire la dette provinciale. La réforme des soins de santé est une partie importante de la solution étant donné l’envergure de ce portefeuille et sa part croissante dans l’ensemble des dépenses. Une étude récente dirigée par l’ancien ministre des Finances, Raymond Bachand, conclut que la croissance des dépenses en soins de santé doit être endiguée pour que les finances de la province soient soutenables à long terme.
Mais les difficultés budgétaires du Québec vont bien au-delà des déficits et de l’endettement. Une partie du plan de redressement devra aborder les problèmes de pression fiscale élevée et de manque de compétitivité de la province. Il faut savoir que le fardeau fiscal des familles québécoises est parmi les plus élevés au Canada; en fait le Québec se classe au deuxième rang de toutes les provinces avec des impôts combinés qui, en moyenne, « avalent » 45,8 % des revenus.
Une vague de hausses des divers taxes et impôts provinciaux, notamment sur les ventes, les revenus personnels, les salaires, les soins de santé, le secteur minier et les revenus des sociétés, est en partie responsable de cette situation. Certaines hausses fiscales ont nui tout spécialement à la compétitivité de la province et à sa capacité à attirer et à garder des travailleurs qualifiés, à encourager l’investissement et à créer des emplois. Par exemple, le taux combiné d’imposition fédérale et provinciale le plus élevé au Québec est actuellement de 49,97 % et s’applique à un niveau de revenu modeste par rapport à celui des autres provinces et États d’Amérique du Nord.
Un taux d’imposition élevé et un faible seuil de revenu découragent la prise de risques et l’esprit d’entreprise, ce qui se traduit par un faible dynamisme économique et moins d’emplois et de perspectives de carrière. L’amélioration de la compétitivité fiscale du Québec devrait donc faire partie du plan de redressement du gouvernement.
Comme on le dit souvent, la première étape consiste à surmonter le déni et les récentes déclarations du premier ministre montrent qu’il comprend l’ampleur des problèmes financiers du Québec. L’étape suivante requiert un plan audacieux pour freiner la dette publique et améliorer la compétitivité fiscale. Le prochain budget est l’occasion de faire avancer la province.
Commentary
Le budget du Québec, prochaine étape d'un plan de redressement
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Le gouvernement du premier ministre Couillard déposera son premier budget le 4 juin et les premiers signes laissent présager de profonds changements. « L’heure n’est plus aux changements cosmétiques. Il faut agir de façon ferme, décisive. Et nous le ferons », a déclaré Philippe Couillard en parlant du redressement des finances publiques du Québec qui se dégradent.
Les Québécois doivent attendre le jour du dépôt du budget pour voir si les paroles du premier ministre se traduiront en actions concrètes. Mais il a au moins reconnu qu’il existe un problème et c’est là une première étape importante sur la voie du redressement. La prochaine étape consiste à établir un plan visant à régler le problème; c’est dans cette optique que le budget de mercredi doit être présenté.
Quelles sont les causes de la détérioration des finances qui ont mené à ce besoin de redressement? Un penchant pour les dépenses financées par un déficit budgétaire, la dette publique et des impôts élevés.
Le fait de recourir régulièrement au déficit actif a entraîné un gonflement de la dette qui est passée de 37,6 milliards de dollars en 1990-1991 à 175,5 milliards de dollars en 2012-2013. L’augmentation de la dette publique au cours de cette période a dépassé de loin des repères tels que la croissance économique, la croissance démographique et l’inflation.
Aujourd’hui, la dette du Québec représente environ 50 % du PIB, ce qui est le taux le plus élevé parmi toutes les provinces.
Ou pour dire les choses différemment : la part de la dette publique provinciale pour chaque Québécois est de 21 708 $, soit le niveau le plus élevé au Canada.
Malgré les preuves manifestes d’un problème d’endettement profondément enraciné, les gouvernements successifs ont généralement évité de prendre des mesures correctives. En fait, dans le budget présenté au mois de février avant les élections, le gouvernement précédent avait retardé de deux ans son plan d’équilibre budgétaire et n’avait rien fait pour que l’échéance révisée soit respectée. Selon M. Couillard, le déficit prévu dans le budget de février était nettement sous-estimé et son gouvernement devra couper dans les dépenses pour atteindre les cibles établies.
Cela veut dire qu’il faudra réduire davantage les dépenses et réviser en profondeur les programmes pour stabiliser ou réduire la dette provinciale. La réforme des soins de santé est une partie importante de la solution étant donné l’envergure de ce portefeuille et sa part croissante dans l’ensemble des dépenses. Une étude récente dirigée par l’ancien ministre des Finances, Raymond Bachand, conclut que la croissance des dépenses en soins de santé doit être endiguée pour que les finances de la province soient soutenables à long terme.
Mais les difficultés budgétaires du Québec vont bien au-delà des déficits et de l’endettement. Une partie du plan de redressement devra aborder les problèmes de pression fiscale élevée et de manque de compétitivité de la province. Il faut savoir que le fardeau fiscal des familles québécoises est parmi les plus élevés au Canada; en fait le Québec se classe au deuxième rang de toutes les provinces avec des impôts combinés qui, en moyenne, « avalent » 45,8 % des revenus.
Une vague de hausses des divers taxes et impôts provinciaux, notamment sur les ventes, les revenus personnels, les salaires, les soins de santé, le secteur minier et les revenus des sociétés, est en partie responsable de cette situation. Certaines hausses fiscales ont nui tout spécialement à la compétitivité de la province et à sa capacité à attirer et à garder des travailleurs qualifiés, à encourager l’investissement et à créer des emplois. Par exemple, le taux combiné d’imposition fédérale et provinciale le plus élevé au Québec est actuellement de 49,97 % et s’applique à un niveau de revenu modeste par rapport à celui des autres provinces et États d’Amérique du Nord.
Un taux d’imposition élevé et un faible seuil de revenu découragent la prise de risques et l’esprit d’entreprise, ce qui se traduit par un faible dynamisme économique et moins d’emplois et de perspectives de carrière. L’amélioration de la compétitivité fiscale du Québec devrait donc faire partie du plan de redressement du gouvernement.
Comme on le dit souvent, la première étape consiste à surmonter le déni et les récentes déclarations du premier ministre montrent qu’il comprend l’ampleur des problèmes financiers du Québec. L’étape suivante requiert un plan audacieux pour freiner la dette publique et améliorer la compétitivité fiscale. Le prochain budget est l’occasion de faire avancer la province.
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Charles Lammam
Sean Speer
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