À Montréal, comme dans l'ensemble de la province, l'été rime avec festivals. Non seulement ces festivités contribuent-elles au rayonnement culturel du Québec, mais en plus elles permettent d'engranger des sommes importantes pour l'industrie touristique.
L'argument culturel associé à celui des retombées économiques, qui est loin de faire l'unanimité auprès des économistes, fait qu'aucun individu rationnel, et surtout pas un politicien, ne remettra en question le bien-fondé des festivals. Mais qui devrait payer la note ? À l'heure actuelle, d'après l'observatoire de la culture et des communications de l'Institut de la statistique du Québec, 41, 3% du financement des festivals et événements culturels au Québec provient du public alors que la part du privé n'est que de 33,3 % et celle des revenus autonomes de 25, 4 %. Un débat public sur la question du financement des activités culturelles permettrait aux Québécois de décider en toute connaissance de cause s'ils veulent continuer ou non à subventionner ces événements.
Certains argumenteront que les biens culturels ne sont pas des biens comme les autres. Selon eux, la culture est un bien public, qui n'est pas nécessairement rentable pour le secteur privé mais qui contribue indubitablement au bien-être de l'ensemble de la société.
Mais des dérapages comme celui du Festival international de films de Montréal en 2005-2006 ou des World Outgames remettent en question nombre d'idées reçues sur la réalité des retombées économiques des festivals ou sur leurs bénéfices intrinsèques pour l'ensemble de la société. Ils illustrent également le problème des priorités de l'État. Il est en effet difficile de justifier un accroissement de 25,1 millions de dollars du budget du ministère de la culture du Québec pour l'année 2007-2008 par rapport à l'année précédente alors que le gouvernement provincial s'avère incapable de faire face à ses obligations dans les domaines de l'éducation, de la santé ou des infrastructures.
Afin de s'assurer que les festivals répondent véritablement aux attentes du public et qu'ils soient rentables sur le long terme, notre approche en matière de politique culturelle devrait s'aligner sur la réalité économique québécoise et les principes du marché. Ainsi, les différents paliers de gouvernement - fédéral, provincial et municipal - devraient impérativement coordonner et rationaliser leur action et ne soutenir que les festivals qui répondent à un certain nombre de critères établis à l'avance. Il faut d'autre part nous assurer que ces événements ne bénéficient d'une aide publique que pour une durée limitée (par exemple, pas plus de cinq ans), ce qui permettrait de déterminer leur popularité ainsi que leur viabilité commerciale.
Par contre, une fois ce délai passé, les festivals devraient avoir atteint un certain niveau de maturité et de notoriété, et progressivement substitué des financements privés ou des revenus autonomes au financement public initiaux. Nous nous apercevrons alors très vite que les manifestations culturelles qui répondent aux attentes du public trouveront aisément les moyens de voler de leurs propres ailes. En revanche, celles qui ne suscitent qu'un intérêt limité au sein de la population, devront se rendre à l'évidence et mettre la clé sous la porte.
Si la demande en biens culturels existe, le secteur privé financera les festivals tout simplement parce que c'est rentable, peut importe la taille de l'événement. Les multinationales comme les compagnies de plus petite taille seront même prêtes à contribuer au financement des festivals qui ont atteint un certain degré de notoriété même s'ils ne génèrent pas de gains immédiats. En effet, dans la mesure où leur mécénat améliore leur image auprès d'une région, d'une ville, ou bien d'une communauté particulière, ils peuvent atteindre un marché bien ciblé qu'ils pourront fidéliser.
Une aide temporaire de l'État aux festivals du Québec pendant les premières années de leur existence permettrait à des esprits créatifs de mettre sur pied des projets qui ne pourraient voir le jour autrement. Néanmoins ce soutien devrait avoir des limites. Nous considérons donc que le financement public de festivals bien établis sur la scène culturelle québécoise comme le Festival de Jazz de Montréal, le Festival Juste Pour Rire ou Les FrancoFolies, qui bénéficient de financements privés importants, devrait maintenant être supprimé.
Des citoyens bien intentionnés, très souvent avec un intérêt direct dans le maintien du statu quo, argumenteront que l'industrie culturelle québécoise ne peut pas survivre sans aide étatique. Nous ne partageons pas leur pessimisme. Au contraire, nous avons la certitude que, pour paraphraser le camarade Mao, avec l'aide initiale de l'État et une fois que le secteur privé aura pris le relais, nous verrons 100 fleurs s'épanouir qui feront l'orgueil de la culture québécoise.
Commentary
La question du financement public des festivals
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À Montréal, comme dans l'ensemble de la province, l'été rime avec festivals. Non seulement ces festivités contribuent-elles au rayonnement culturel du Québec, mais en plus elles permettent d'engranger des sommes importantes pour l'industrie touristique.
L'argument culturel associé à celui des retombées économiques, qui est loin de faire l'unanimité auprès des économistes, fait qu'aucun individu rationnel, et surtout pas un politicien, ne remettra en question le bien-fondé des festivals. Mais qui devrait payer la note ? À l'heure actuelle, d'après l'observatoire de la culture et des communications de l'Institut de la statistique du Québec, 41, 3% du financement des festivals et événements culturels au Québec provient du public alors que la part du privé n'est que de 33,3 % et celle des revenus autonomes de 25, 4 %. Un débat public sur la question du financement des activités culturelles permettrait aux Québécois de décider en toute connaissance de cause s'ils veulent continuer ou non à subventionner ces événements.
Certains argumenteront que les biens culturels ne sont pas des biens comme les autres. Selon eux, la culture est un bien public, qui n'est pas nécessairement rentable pour le secteur privé mais qui contribue indubitablement au bien-être de l'ensemble de la société.
Mais des dérapages comme celui du Festival international de films de Montréal en 2005-2006 ou des World Outgames remettent en question nombre d'idées reçues sur la réalité des retombées économiques des festivals ou sur leurs bénéfices intrinsèques pour l'ensemble de la société. Ils illustrent également le problème des priorités de l'État. Il est en effet difficile de justifier un accroissement de 25,1 millions de dollars du budget du ministère de la culture du Québec pour l'année 2007-2008 par rapport à l'année précédente alors que le gouvernement provincial s'avère incapable de faire face à ses obligations dans les domaines de l'éducation, de la santé ou des infrastructures.
Afin de s'assurer que les festivals répondent véritablement aux attentes du public et qu'ils soient rentables sur le long terme, notre approche en matière de politique culturelle devrait s'aligner sur la réalité économique québécoise et les principes du marché. Ainsi, les différents paliers de gouvernement - fédéral, provincial et municipal - devraient impérativement coordonner et rationaliser leur action et ne soutenir que les festivals qui répondent à un certain nombre de critères établis à l'avance. Il faut d'autre part nous assurer que ces événements ne bénéficient d'une aide publique que pour une durée limitée (par exemple, pas plus de cinq ans), ce qui permettrait de déterminer leur popularité ainsi que leur viabilité commerciale.
Par contre, une fois ce délai passé, les festivals devraient avoir atteint un certain niveau de maturité et de notoriété, et progressivement substitué des financements privés ou des revenus autonomes au financement public initiaux. Nous nous apercevrons alors très vite que les manifestations culturelles qui répondent aux attentes du public trouveront aisément les moyens de voler de leurs propres ailes. En revanche, celles qui ne suscitent qu'un intérêt limité au sein de la population, devront se rendre à l'évidence et mettre la clé sous la porte.
Si la demande en biens culturels existe, le secteur privé financera les festivals tout simplement parce que c'est rentable, peut importe la taille de l'événement. Les multinationales comme les compagnies de plus petite taille seront même prêtes à contribuer au financement des festivals qui ont atteint un certain degré de notoriété même s'ils ne génèrent pas de gains immédiats. En effet, dans la mesure où leur mécénat améliore leur image auprès d'une région, d'une ville, ou bien d'une communauté particulière, ils peuvent atteindre un marché bien ciblé qu'ils pourront fidéliser.
Une aide temporaire de l'État aux festivals du Québec pendant les premières années de leur existence permettrait à des esprits créatifs de mettre sur pied des projets qui ne pourraient voir le jour autrement. Néanmoins ce soutien devrait avoir des limites. Nous considérons donc que le financement public de festivals bien établis sur la scène culturelle québécoise comme le Festival de Jazz de Montréal, le Festival Juste Pour Rire ou Les FrancoFolies, qui bénéficient de financements privés importants, devrait maintenant être supprimé.
Des citoyens bien intentionnés, très souvent avec un intérêt direct dans le maintien du statu quo, argumenteront que l'industrie culturelle québécoise ne peut pas survivre sans aide étatique. Nous ne partageons pas leur pessimisme. Au contraire, nous avons la certitude que, pour paraphraser le camarade Mao, avec l'aide initiale de l'État et une fois que le secteur privé aura pris le relais, nous verrons 100 fleurs s'épanouir qui feront l'orgueil de la culture québécoise.
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Jean-François Minardi
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